Identifiez les marchés cibles (recherche)
Nous allons aborder quatre types de marchés qui ne sont pas totalement séparés. Dans l’IoT, ils se regroupent même fortement. Le premier marché, par son importance, est le marché militaire porté par l’émergence des drones de tout type. Nous aborderons ensuite le marché civil qui regroupe tous les autres produits et services, comme les voitures autonomes et les smart cities. Ensuite, nous nous intéresserons à deux marchés qui font partie du marché civil, mais qui sont plus spécifiques : le marché industriel des objets connectés avec ses usines 4.0, et le marché grand public des produits de consommation courante.
Le marché militaire
C’est un élément peu connu du grand public, mais le marché le plus important en termes d’investissement et de croissance, c’est le marché militaire. Ce marché est principalement constitué de drones. Selon un rapport du Sénat, “le marché mondial des drones civils et militaires, qui s'élevait à 4 milliards de dollars en 2015, devrait atteindre 14 milliards de dollars par an d'ici à 2025.” On peut estimer la part du marché militaire des drones entre 70 % et 80 % environ.
Un drone militaire entre complètement dans la définition des objets connectés : il émet et reçoit des informations brutes. En fonction des situations, il sera plus ou moins équipé d’"intelligence”, de capteurs d’altitude, de caméras, de processeurs. Il peut aussi être amené à avoir une certaine autonomie et à réagir selon le contexte, comme se protéger en cas de danger. Dans le cas des drones militaires avancés, il peut même être totalement autonome et prendre des décisions. Ceci implique évidemment des décisions éthiques que nous aborderons plus loin dans ce cours.
Le développement d’un drone implique toute la gamme des technologies d’objets connectés, comme la miniaturisation ou le contrôle-commande. Sa principale valeur ajoutée est de permettre à un opérateur de réaliser des tâches à distance et sans danger.
Aujourd'hui, le marché militaire comprend des drones volants, les plus connus, mais aussi un nombre important de drones dans le secteur naval. Ce sont, par exemple, des mini sous-marins, des petits objets qui vont se promener sous la mer pour pouvoir explorer ou espionner de façon intelligente l'ensemble des bases militaires navales.
Le marché du drone civil bénéficie directement des investissements dans les drones militaires.
Les défis du marché militaire
Malgré un très fort développement, le marché des drones militaires fait toujours face à des enjeux importants. Ainsi, la présence de drones sur un territoire oblige à repenser l'ensemble des normes et des certifications aériennes. Les drones sont des objets volants qui potentiellement peuvent “se promener dans la nature”. Comment garantir le respect des zones aériennes et des zones civiles dans ce cas de figure ? En outre, la frontière entre le drone militaire et le drone civil est ténue. Quelles en sont les caractéristiques propres ? Quelle est la différence entre un drone militaire de surveillance sans armes et un drone de loisir équipé de caméra de haute qualité ?
D’autre part, les certifications de vol et toutes les recherches qui sont faites sur les drones militaires vont impacter les évolutions futures des certifications et des normes internationales, pour pouvoir faire voler ce type d'objet en milieu hostile (pollué, mais aussi chargé de poussières, d’eau…). Par ailleurs, les caractéristiques des certifications de vol pour l'aviation civile vont aussi avoir un impact sur le militaire.
En résumé : le secteur militaire est un secteur extrêmement évolutif qui prend en compte toutes les évolutions technologiques, y compris dans le domaine de la cybersécurité. Toute évolution sur le marché pourra potentiellement impacter le marché du secteur civil, et inversement.
Le marché civil
Dans le marché civil — qui sera gigantesque — les produits seront autonomes, mais surtout communicants entre eux. Ainsi, les projets de « smart cities » ont pour ambition de créer des villes totalement interconnectées. Si vous regardez l’illustration de projet de smart city ci-dessus, vous pouvez voir la quantité et la diversité des objets connectés dans une ville : les feux rouges et les routes connectées communiqueront ensemble pour optimiser le trafic routier en temps réel ; les stations de contrôle de la qualité de l’air pourront informer directement les objets connectés portés par le grand public, dont les sportifs (montres, smartphones) en cas de pic de pollution. L'ensemble des objets des « smart cities » vont devoir devenir autonomes pour être en interaction directe avec l'humain qui se promènera dans la ville.
Ce marché civil des objets connectés inclut aussi des immeubles autonomes ou intelligents qui communiquent avec les équipements collectifs ou individuels des habitants.
Il existe déjà des chaufferies intelligentes qui adaptent la consommation d'électricité ou la climatisation en fonction de la présence, ou non, de l'être humain à l'intérieur de l’immeuble. Là aussi, le degré d’autonomie et d’intelligence varie du totalement autonome à la simple interaction.
Comme nous l’avons vu pour le marché militaire, l’avènement des objets connectés sur le marché civil pose de nombreuses questions. Le secteur automobile, avec le véhicule autonome, est celui qui ouvre les plus de voies nouvelles, et pose de nombreux défis.
Prenons l’exemple du permis automobile. Comment est-ce que vous pouvez faire passer un permis de conduire à un véhicule autonome ? Aujourd’hui, l'être humain qui utilise un véhicule doit avoir passé le permis pour que ce véhicule puisse circuler sur les routes. Mais demain, qu’en est-il du véhicule autonome ? Comment faire si l'objet connecté, devenu intelligent et autonome, possède autant de capacités qu’un être humain ? Doit-il passer son permis de conduire ? Comment certifier ce passage-là ? Comment s'assurer que le véhicule autonome n'écrase personne ? Les normes et les certifications du secteur automobile vont devoir changer radicalement. Les sociétés d’assurance travaillent d’ores et déjà sur ces sujets.
Prenons un exemple récent. Aux États-Unis, un véhicule autonome a écrasé une personne. Lors de l’analyse du logiciel, il est apparu que l’objet s’est posé la question suivante : est-ce que j'écrase "l'objet" ou bien est-ce que je tente un freinage d'urgence, au risque d'un changement de trajectoire brutal ? L’objet connecté a fait le choix d’écraser la personne... Il a aussi enfreint l’une des trois règles de la robotique d’Isaac Asimov qui incluent « tu ne tueras jamais ».
Le marché de l’industrie
Ce marché est aussi en plein développement, puisque le milieu industriel cherche, avant tout, à produire au meilleur niveau de qualité et de performances. Dans l’industrie, il est stratégique d’éviter au maximum la réduction ou l’arrêt de la production. Une usine efficace compte peu d’arrêts de ce type.
Comment atteindre cet objectif ? Cela passe principalement par un processus industriel sous contrôle. C’est-à dire que l’entreprise doit pouvoir définir exactement quelles sont les marges à l’intérieur desquelles la production débouche sur un bon produit, que ce soit un lingot d'acier, une automobile ou un produit plastique. Idéalement, l’entreprise doit aussi savoir à quel moment le processus de production sort des normes et des règles de performance, pour pouvoir immédiatement se réajuster sur ces indicateurs.
Dans le secteur industriel, l’usine connectée ouvre de nouvelles possibilités pour un processus industriel sous contrôle. Pour cela, l’usine et les éléments ou machines qui la composent doivent être connectés, intelligents et autonomes. Grâce à cela, l’usine sera capable de se réparer ou d'améliorer son fonctionnement en fonction de l'usure de ses composants.
Ainsi, un robot de soudage connecté, intelligent, voire autonome, dans une chaîne de production de voitures, sera capable de dire : « En ce moment, je défaille. Je dysfonctionne et je n'ai pas le niveau de qualité requise. Je vais m’autoréparer ou appeler la réparation nécessaire à mon fonctionnement optimal ».
La valeur ajoutée de l’objet connecté sur le marché industriel est absolument gigantesque. On appelle cela “l’usine 4.0” ou Smart Factory. Dans une Smart Factory, l'ensemble des facteurs de connectivité, d'intelligence et d'autonomie doivent être pris en compte.Représentation d'une usine 4.0
L’arrivée des usines 4.0 signifie aussi que l’importance de l'être humain dans cet univers industriel va diminuer. Pour optimiser le contrôle du processus, l'ensemble des capteurs, de l'émission-réception, des bandes passantes et de la miniaturisation doivent être conçus au plus proche des machines. La présence humaine doit donc être réduite. Dans le futur, l’usine pourra très bien être remplie de robots et fonctionner de manière optimale.
Pour autant, cela n’exclut pas complètement la présence humaine. Ainsi, il existe des projets de cobots, qui sont des robots connectés à un être humain pour l’aider dans l’accomplissement de ses tâches.
Dans le système industriel aussi, les objets connectés font évoluer les normes de sécurité, tant pour les robots que pour les humains. De nouvelles normes sont actuellement mises en place dans un environnement de travail avec cobot, ou bien encore pour les protocoles industriels d'émission-réception.
Dans l’usine 4.0, les technologies doivent être multiples et adaptées au contexte industriel. Imaginons par exemple l'intérieur d'une centrale nucléaire, dans laquelle les murs en béton et les plaques en acier font parfois plusieurs millimètres, voire des mètres d'épaisseur. Penser au WiFi au milieu de cet environnement est totalement impossible.
Il est donc obligatoire de chercher de la connectivité au niveau filaire. Les contraintes industrielles sont fortes. Les choix technologiques des objets connectés doivent s'adapter à l'environnement de travail existant.
Le marché grand public
Le quatrième grand marché est le marché du grand public. Il est déjà présent dans notre quotidien.. Qui n'a pas encore vu ou possédé une montre connectée ? Une des fonctions les plus typiques d’une montre connectée est lorsque celle-ci avise durant un effort comme un jogging : « attention, ne va pas trop vite parce que la pression artérielle est trop forte, donc tu es en train de nuire à ta santé, donc réduis un peu ton allure » ou bien « ça y est, tu as couru pendant 40 minutes, donc dans ce cadre-là il faut que tu réduises ta course puisque tu as atteint ton objectif ».
Le nombre d'utilisateurs potentiels d’objets connectés du marché grand public se compte en milliards. Le secteur grand public comprend le secteur de la santé et du sport, mais entre aussi dans la vie quotidienne. Aujourd'hui, vous pouvez très bien avoir un petit objet connecté sur votre réfrigérateur, qui va vérifier qu'à chaque fois que vous sortez un pot de yaourt, vous diminuez le nombre de yaourts disponibles à l'intérieur de votre réfrigérateur. Il pourra passer lui-même la commande de quatre nouveaux yaourts à la semaine si c'est votre niveau de consommation.
Même quand vous développez des objets connectés grand public, il faut faire attention aux conséquences que l’objet peut avoir dans d’autres domaines : perturbation électromagnétique, accessibilité/détection... Par exemple, certaines bases militaires secrètes, au sens de non répertoriées, ont pu être visibles grâce au tracking des montres connectées que les militaires utilisaient lors de leur jogging. Il est dorénavant interdit à certains militaires de porter ces montres connectées !
Sur le marché grand public, le chiffre d'affaires des objets connectés est principalement lié au coût de fabrication à l’unité, multiplié par le nombre potentiel d'utilisateurs. La valeur ajoutée de ces objets connectés est donc liée à la possibilité de produire en masse ces objets, pour des usages aussi variés et ponctuels que possible.
Last updated